2016 Aitutaki, Iles Cook (juillet)
On est très soulagé d'être arrivé à l'île d'Aitutaki, dans l'archipel sud des îles Cook après 3 jours de traversée depuis l'atoll de Mopélia. Cette traversée fut difficile à cause de la houle forte venant du grand sud et du vent qui dépassa souvent les 30 nds durant la première nuit. Huaras resta à la barre, attaché avec le harnais durant toute la nuit, car il devait sans arrêt régler les voiles à cause des rafales et des fortes vagues. On a même fait une pointe à 14.9 nds au GPS dans un gros surf, un record. Le bruit était intense et les mouvements du bateau rendaient le sommeil difficile, même pour les enfants. Heureusement à mi-parcours la houle s'est atténuée, le vent a faibli et finalement on a terminé les 40 derniers miles au moteur, ce qui ne s'était encore jamais produit. Très variée, cette traversée...
Cette fin au moteur nous a permis de nous reposer un peu avant de franchir la passe très étroite et très peu profonde qui conduit au petit port du village d'Arutanga. On a attendu 3 h30 au large que la marée remonte. Au moins profond de la passe il ne restait que 35cm sous nos coques qui n'ont que 1.30 cm de tirant d'eau. On retint notre souffle... tellement les fonds remontaient! En navigateur bien prudent, Huaras avait au préalable sondé le passage et pris des repères avec l'aide de Nils, en annexe, pendant que je restais au large avec les enfants sur Oniva. Nos amis du bateau Ganesh sont passés en premier car ils ont 15cm de moins de tirant d'eau que nous. Par contre, un catamaran plus petit que le nôtre et qui sortait de l'atoll au moment de notre approche, s'est échoué et a dû forcer sur ses moteurs pour se dégager.
C'est donc avec un grand soulagement que notre vaillant capitaine peut maintenant apprécier le coucher du soleil dans le calme du lagon sans vent avant de partir pour 12 heures de sommeil ininterrompu. Les îles Cook, ça se mérite!
Cette fin au moteur nous a permis de nous reposer un peu avant de franchir la passe très étroite et très peu profonde qui conduit au petit port du village d'Arutanga. On a attendu 3 h30 au large que la marée remonte. Au moins profond de la passe il ne restait que 35cm sous nos coques qui n'ont que 1.30 cm de tirant d'eau. On retint notre souffle... tellement les fonds remontaient! En navigateur bien prudent, Huaras avait au préalable sondé le passage et pris des repères avec l'aide de Nils, en annexe, pendant que je restais au large avec les enfants sur Oniva. Nos amis du bateau Ganesh sont passés en premier car ils ont 15cm de moins de tirant d'eau que nous. Par contre, un catamaran plus petit que le nôtre et qui sortait de l'atoll au moment de notre approche, s'est échoué et a dû forcer sur ses moteurs pour se dégager.
C'est donc avec un grand soulagement que notre vaillant capitaine peut maintenant apprécier le coucher du soleil dans le calme du lagon sans vent avant de partir pour 12 heures de sommeil ininterrompu. Les îles Cook, ça se mérite!
Nils à l'approche du village où nos amis sont déjà ancrés. Maintenant, Nils, qui approche des dix ans, commence à bien nous aider lors des passages difficiles dans les passes ou entre les récifs.
Voici notre mouillage pour 3 semaines que durera cette escale. Durée prolongée à cause de la zone de convergence du Pacifique Sud qui s'attarde entre les Cook et les Tongas. Cette zone est très délicate à traverser car, comme le Pot-au Noir dans l'Atlantique, elle est faite de zones de calmes côtoyant des zones orageuses où les vents peuvent souffler très fort et brusquement. Les distances à parcourir étant très longues, il faut être très prudent avant de s'engager dans une traversée, car dans ce coin du Pacifique il n'y a vraiment pas grand monde pour venir au secours. On n'est que le 10ème bateau de l'année à Aitutaki. En moyenne, les habitants n'en voient passer qu'entre 15 et 20 par an. Un des officiers qui inspecte le bateau à l'arrivée nous dit qu'il est rare que des bateaux avec des enfants à bord s'arrêtent ici. Nous voici amarrés "en cocotier" avec Ganesh et Pagus (le bateau jaune) qui a fait demi-tour lors d'une tentative de remontée vers la Polynésie à cause d'un problème de moteur.
La majestueuse église qui a été construite avec des blocs de corail il y a plus d'un siècle. Elle domine le terrain de rugby et le petit port où l'on est mouillé. Nous aurons tout loisir de vivre au rythme des cloches de l'église et des chants magnifiques qui nous parviennent jusqu'au bateau matin et soir sept jours sur sept.
La vie s'écoule donc très paisiblement dans cette île peuplée par 2000 habitants et quelques touristes venus principalement pour faire du kite-surf, l'endroit étant très réputé.
Ces petits garçons jouent dans la cocoteraie pendant que les parents sont à l'église. La religion est très importante ici, comme d'ailleurs dans beaucoup d'îles du Pacifique. C'est un peu la seule animation qu'ont les habitants. Il y a une multitude d'églises de toutes sortes sur l'île.
Finalement, attirés par les chants mélodieux et les beaux habits du dimanche des fidèles, on finit nous aussi par aller à la messe du dimanche. La ferveur et la vigueur avec laquelle tous les gens dans l'église chantent sont émouvantes.
Tout le monde s'habille en blanc et les femmes ont sorti leurs plus beaux chapeaux. En voici un petit florilège:
Après tant de dévotion, l'envie de nous dégourdir les jambes nous emmène à travers les chemins et les cocoteraies. C'est très agréable de se promener à Aitutaki, car il n'y a aucune barrière. On peut marcher partout et il y a beaucoup de chemins menant aux plantations. Et surtout, il n'y a pas de meutes de chiens errants contrairement aux îles de la Société en Polynésie où cela est devenu un vrai fléau dans certaines îles. Ici, ceux-ci ont été éliminés dans les années soixantes.
De retour d'un snorkeling sur le récif extérieur. La couleur du lagon d'Aitutaki est vraiment extraordinaire, rivalisant avec celui de Bora-Bora.
Un joli snorkeling autour de l'épave de l'Alexander, un cargo échoué sur le récif dans les années 30. Il y a de magnifiques étoiles de mer bleues dans une eau turquoise. Par contre on a ressorti les combinaisons néoprènes, car on est en plein hiver austral et la température de l'eau "n'est plus qu'à" 25-26°C!
Les motus du sud du lagon. Même sous la pluie, ils restent jolis.
Nos joyeux marcheurs!
Qui ne sont jamais à cours de facéties!
Avec beaucoup de complicité...
Et leur grand frère.
Les trois ensemble.
Un banian avec son impressionnant réseau de racines aériennes créant un magnifique lieu pour jouer à cache-cache.
Et voici une pirogue traditionnelle encore nombreuse dans ces îles.
Contraste entre sable coralien et roche volcanique.
Apéro à bord de Pagus avec Ganesh, pour le départ d'Yolande en avion pour Tahiti et d'Alain, qui ramènera seul courageusement son bateau en Polynésie contre les vents dominants.
Soirée dans un hôtel pour voir les danses traditionnelles et leur spectacle avec le feu. Les danses ressemblent beaucoup à celles de la Polynésienne Française.
Le second dimanche, on fait l'impasse sur la messe, car on a prévu d'aller griller des saucisses sur un motu au sud du lagon.
Temps splendide et dégradés de bleus incroyables!
L'îlot est peuplé de "Red Tail Tropic Bird", dont la longue queue rouge leur sert d'étonnant gouvernail.
Ils nichent avec leurs adorables poussins à même le sol entre les noix de cocos. C'est trop mignon!
Et même pas farouches en plus. Il faut dire que s'ils sont d'incroyables acrobates en vol, ils ne se déplacent à terre qu'en se glissant sur leur ventre.
Après plus de 4 ans de bleus et de turquoises de toutes les nuances possibles sur 2 océans, on est toujours autant émerveillé devant un tel paysage.
Les enfants sont trop contents de griller des saucisses comme en Suisse!
Et les cocos, que Michel nous ouvre d'une main experte après deux quasi-tours du monde sous les tropiques, sont délicieuses.
N'est-ce pas les garçons?
Un soleil radieux, mais les vents mal orientés ne nous permettent pas de continuer plus à l'ouest. Ce n'est pas trop grave, car on commence à se sentir drôlement bien à Aitutaki.
Ce vendredi après-midi, on va regarder les matchs de rugby des écoliers. Il y a même des équipes de filles et elles y vont aussi fort que les garçons.
Le dimanche matin, un cortège se réunit sur la place du village.
Même les tout petits sont de la partie.
Puis en route pour l'église en fanfare.
Ensuite on va donner un peu d'herbe à notre amie la chèvre.
On a droit à de magnifiques couchers de soleil après de belles journées sans vent.
Pratique, les cocotiers pour s'amarrer!
Lors d'une promenade on fait la rencontre d'Ingrid (en robe bleue) qui est à moitié cookienne et à moitié néo-zélandaise. Le soir même, elle nous invite à aller au restaurant pour faire connaissance avec son mari Greg et deux amies originaires de Nelson (où on est allé 2 fois pendant un trimestre scolaire). Soirée très sympa.
Greg embarque nos 3 enfants à l'arrière de son buggy et hop! c'est parti à travers les petits routes de l'île. En les suivant derrière dans la voiture d'Ingrid, je suis super inquiète de voir mes 3 p'tits pas attachés, assis sur une caisse en bois avec Greg qui va à fond les manettes. Mais il n'y a qu'à voir leurs airs ravis!
Notre amis Ingrid a été pendant 3 ans la directrice (Principal) de l'école de Vaito, à l'est de l'île. Elle propose à nos enfants de venir visiter l'école et de parler aux élèves de leur voyage en bateau. Ingrid est très active et très aimée des enfants.
Nils explique avec application notre voyage depuis le sud de la France voici plus de 4 ans. Les élèves sont très attentifs. Ils posent beaucoup de questions. Pour nous remercier, ils nous chantent une très belle chanson parlant de leurs ancêtres arrivés aux îles Cook en pirogues. Ils chantent en mimant les mouvements. Puis ils nous demandent de chanter à notre tour une chanson de notre pays. Alors on leur chante "Le Vieux-Chalet"! C'est un beau moment d'échange.
Après la récréation, on va dans la classe des grands et là on leur montre quelques photos. Tim leur parle avec beaucoup d'enthousiasme des poissons qu'il a pêchés et cela les intéresse vivement. La maîtresse est de la famille Bulliard, car un de ses ancêtres, un Français est venu s'établir aux îles Cook. Je lui dis que dans notre région en Gruyère, il y a aussi beaucoup de Bulliard et que j'avais un maître de français du même nom.
La plupart des élèves ont des uniformes. Pourtant, certains élèves viennent de familles pauvres et n'ont ni uniforme ni même de chaussures. Parfois ils arrivent à l'école le matin sans avoir mangé. Alors à la récréation, les maîtresses ont des goûters à leur donner.
A la récréation les enfants veulent tous jouer avec Nils, Tim et Estelle. Il ne faut pas longtemps pour qu'ils soient à l'aise.
La marelle est universelle.
Estelle et ses petites copines qui l'ont vite adoptée.
Tim est aussi très vite intégré.
Ils adorent être pris en photo et voir comment cela fait sur l'appareil!
On passe une superbe journée!
Apéro en compagnie de nos nouveaux amis Ingrid et Greg ainsi que de nos copains de bateau: Alain, Michel et Corinne.
Alain part seul le lendemain pour retourner à Tahiti contre vents et courants. On est un peu inquiet eu égard aux 40 nds de vent de face prévus sur la zône. Huaras et Michel l'accompagnent en dinghy pour lui souhaité le meilleur.
On sera soulagé d'apprendre après une bonne semaine qu'il est bien arrivé, malgré un peu de casse.
On sera soulagé d'apprendre après une bonne semaine qu'il est bien arrivé, malgré un peu de casse.
Nous, modestes et prudents, nous ne sommes pas pressé et on attendons avec patience les bonnes conditions qui ne semblent jamais venir. On les attendra plus de 3 semaines... Ma foi, le Pacifique c'est l'école de la patience et de la prudence. C'est très difficile dans ces conditions-là de faire des plans et de tenir un programme. Comme disent les navigateurs anglo-saxons: "Sailor's plans are written in the sand at low tide." (Trad.: Les plans des navigateurs sont écrits dans le sable à marée basse.). Maintenant on en mesure tout le sens.
Alors les journées s'écoulent doucement, commençant par un peu d'école, puis promenades, snorkeling, goûter, lecture, jeux de société,...
Les activités villageoises coupent un peu la routine. Cet après-midi, il y a un concours de danses des enfants dans la salle communale. Reconnaissez-vous sa Majesté la Reine Elisabeth et le Prince Philip en fresque sur le mur de la salle? Les îles Cook sont un Etat indépendant en libre association avec la Nouvelle-Zélande (on n'a pas saisi tout à fait ce que cela veut dire ?), donc faisant aussi partie du Commonwealth.
Les maîtresses préparent les plus petits pour le concours.
Tous vont danser et c'est adorable!
Dans la salle, les parents ont revêtu leurs plus beaux habits et les femmes portent des couronnes de fleurs fraîchement coupées.
Une petite fille avec un magnifique costume fait de plumes de coqs.
A la sortie du concours des grands, nos enfants sont embarqués dans les pick-up avec les écoliers de l'école de Vaito pour aller déguster un Umu.
L'Umu est un repas traditionnel qui se cuit à l'étouffée. Les aliments sont mis dans des paniers tressés en feuilles de cocotier, puis entourés de feuilles de bananiers pour garder l'humidité et mis sur des pierres brûlantes. Le tout est recouvert de feuilles et enfin de couvertures. Cela cuit des heures. Les maîtresses sont venues mettre les aliments sur les pierres chaudes cette nuit à 2 heures du matin pour que cela soit prêt pour midi!
Cette matinée bien remplie avec les danses a affamé les écoliers. Tout le monde se met en rang pour être servi.
Au menu, il y a du poulet local (et aussi américain!), du poisson cru au lait de coco, du taro, de l'arbre à pain, de la tapioca, de la courge, de l'igname, des algues, une sorte d'épinards et des gâteaux. Il n'en restera plus une miette et les maîtresses insistent pour que je ramène un assortiment à faire goûter au "capitaine du bateau", qui a préféré rester bricoler à bord.
Estelle est un peu sur ses gardes devant cette nourriture qui n'est pas comme celle qu'il y a sur Oniva.
Greg nous invite sur sa terrasse face au lagon. Il occupe son temps entre la pêche et la fabrication d'objets en bois faits avec des arbres locaux tombés lors du dernier ouragan il y a quelques années. Il a une "scierie-mobile qu'il déplace sur l'île pour couper des planches qu'il stocke ensuite et utilise au fur à mesure des commandes.
Nils et Tim sont captivés par les photos des poissons pêchés par Greg.
On rencontre Angelo, une personnalité très attachante aussi. Il a quitté sa ville natale de Naples en Italie vers 20 ans pour devenir maraîcher et primeur en Australie durant 30 ans. Là-bas, il a rencontré sa femme originaire d'Aitutaki et ils sont venus y habiter depuis 19 ans. Ici, Antonio cultive à nouveau des légumes, des salades et surtout des épices italiennes qu'il livre aux restaurants et hôtels de l'île. On fait un festin de toutes ses bonnes choses qu'on n'avait plus goûtées depuis longtemps. Viva Italia!
Estelle rencontre une petite copine, mais le moment de notre départ est bientôt là. Elles jouent devant l'épave d'un bateau et à côté des quelques cocotiers qu'on a plantés grâce à l'initiative de Corinne, pour que plus de bateaux de passages puissent s'y amarrer comme nous, plus tard, lorsqu'ils auront grandi!
Le dernier dimanche, on fait une grande marche dans l'île. Au retour, fatigués, un bus s'arrête pour nous prendre. Il amène les enfants à l'une des église du village pour l'office de l'après-midi.
Que de bons souvenirs dans cette île! Ce mouillage, calme ou tempétueux comme il l'a été en pleine nuit, restera pourtant dans nos mémoires.
La veille du départ on va prêter hommage à la barque de Teva'e. Teva'e était un pêcheur du quartier pauvre de Faa'a à Tahiti. Il a dérivé pendant 108 jours sur cette modeste barque de pêche suite à une panne de moteur au large. Les avions de sauvetage l'ont cherché pendant 10 jours. Tevae les apercevait dans le ciel, mais comme sa barque était bleue comme la mer et que sa radio VHF était rapidement sans batterie, il n'a pas pu être secouru. Il s'en est suivi une longue dérive sur 1200km et il a finalement échoué sur un des motus du sud du lagon d'Aitutaki où il a pu être sauvé. C'est le naufragé qui a passé le plus de temps en mer de notre époque contemporaine. Sa survie dans de telles conditions a été due à sa grande connaissance de la pêche et à son extraordinaire résilience caractéristique des insulaires du Pacifique. A son arrivée il a été considéré comme un héros et il a fini ses jours ici.
Finalement la fenêtre météo tant attendue arrive et avec nos amis de Ganesh on se décide à partir. On met le cap en direction de Niue à 600 miles de là (=1100km). En route, si les conditions le permettent, on fera une halte à Beveridge Reef, un récif submergé loin de tout. Le capitaine est très concentré dans le long chenal étroit et très peu profond qui permet de sortir du lagon. La marée est de 40 cm et avec Oniva qui a un tirant d'eau de 1.30cm, on ne peut passer sans risque de s'échouer qu'à marée haute. Petit challenge avant de partir pour 5 jours de traversée à nouveau délicate.
Le cargo qui ravitaille l'île toutes les 2 semaines vient d'arriver.
Comme il ne peut pas rentrer dans le lagon, il reste au large. La barge qui fait les allez-retours dans le chenal pour décharger sa cargaison, ne trouve rien de mieux que de s'engager dans le chenal au moment où on s'approche de la sortie (pas de photo car trop de stress). Comme quoi, les moments navigables en cette période restent assez rares et il s'agit de ne pas les rater.
Enfin, on arrive à la sortie et on aura durant des jours: des milliers de mètres sous les coques et de grands espaces devant les étraves... "Vogue le navire!"
Comme il ne peut pas rentrer dans le lagon, il reste au large. La barge qui fait les allez-retours dans le chenal pour décharger sa cargaison, ne trouve rien de mieux que de s'engager dans le chenal au moment où on s'approche de la sortie (pas de photo car trop de stress). Comme quoi, les moments navigables en cette période restent assez rares et il s'agit de ne pas les rater.
Enfin, on arrive à la sortie et on aura durant des jours: des milliers de mètres sous les coques et de grands espaces devant les étraves... "Vogue le navire!"